Entendre Cassandre,

par Florence LOUIS

Atelier Printemps des poètes 2015, 3 mars 2015

 

De loin en loin passent les échos de ses pleurs, si loin, la Phénicie.

 

Les dieux ont condamné Cassandre à dire la vérité : jamais personne ne pourra l’écouter.

 

Elle dit la mort des siens, elle dit les sombres jours, elle dit combien la peine ne peut même plus se dire.

 

Elle nous dit Cassandre que son pays s’effondre sous les coups du tyran.

 

Elle nous dit qu’il est laid son masque de puissant, serti des lourds diamants qu’il nous a achetés.

 

Elle nous dit qu’il a fait de nos ennemis les siens afin de se maintenir, au pouvoir, lui seul.

 

Elle nous dit qu’il ricane : nous détournons la tête quand il jette des bombes sur celle de ses enfants.

 

Elle nous dit Cassandre, ce que son peuple espère : redevenir comme nous, nous qui n’entendons rien.

 

Les dieux ont condamné Cassandre à dire la vérité : jamais personne ne pourra l’écouter.

 

 

 

Les dieux sont morts. Cassandre parle. Je t’entends, je t’entends, Cassandre.

 

Et toi, l’entends-tu ?